Être mère: XVIIIe - XXIe siècle

Essai vraiment passionnant. Je suis tombée dessus par hasard. Certes, je suis mère de famille et le titre m'a peut-être attirée mais il n'est pas forcément bien choisi car j'invite tout le monde à lire : pères, mères, personnes sans enfants car il aborde des visions très larges de la maternité et de l'enfance en général, sociologiques surtout. L'auteur emprunte beaucoup à Philippe Ariès et Elisabeth Badinter. La maternité ne se réduit pas à la biologie, elle nourrit aussi la littérature, les arts.La première partie de l'ouvrage évoque ces mères de fiction et nous fait comprendre qu'être mère est aussi une construction sociale variable selon les époques et les pays.De la fin du XVIIIème siècle au milieu du XXème siècle, la maternité est glorifiée, idéalisée, but, destin de toute femme qui sacrifie tout à ses enfants. Cette vision est associée à des préoccupations natalistes. A noter que seuls les hommes s'expriment sur le sujet (pages délirantes de Zola qui n'est pas que le progressiste de l'affaire Dreyfus). Même les féministes de la première vague ne le contestent pas. A ces mères idéales s'opposent des filles-mères , des mères dénaturées, égoïstes.A partir du milieu du XXème siècle et Simone de Beauvoir, la maternité n'est plus une obligation pour toute femme ou elle n'est qu'une part de sa vie. La contraception, l'avortement feront que la maternité sera choisie et non subie, ce qui continue néanmoins à être un frein à la carrière des femmes.La deuxième partie, plus juridique étudie l'évolution des nouvelles formes de maternité ( médicales, juridiques) liées aux évolutions sociales. le cas des couples homosexuels, des familles recomposées, des avancées médicales amènera à repenser la définition de la mère comme celle qui accouche ( elle est aussi celle qui conçoit un projet, élève l'enfant). C'est aujourd'hui la loi des hommes et des médecins qui décide et non celle de Dieu.Il n'en reste pas moins que la maternité, surtout si elle est voulue, peut être source d'angoisse et encore plus difficilement conciliable avec l'épanouissement personnel et être un frein professionnel. Difficile parfois d'être femme et mère.Un ouvrage très riche qui contextualise la notion de maternité. Etre père n'est pas inné, c'est une construction sociale. Personne ne le nie. Ce n'est pas pas le cas pour les mères et les thèses d'Elisabeth Badinter ont toujours rencontré beaucoup d'opposition. + Lire la suite